Indice de suivi de l’écotoxicité provoqué par les pesticides dans les cours d’eau
Un niveau d’écotoxicité globalement stable dans les cours d’eau…
Alors que le plan Écophyto a été remis en question, nous avons compilé une volume important données pour savoir comment évolue le niveau d’écotoxicité provoquée par les pesticides dans les cours d’eau cette dernière décennie, responsables d’un véritable ravage sur les populations aquatiques végétales et animales.
Nous nous sommes appuyé sur la méthodologie de l’IPCE (Indice Pesticides dans les Cours d’Eau). Cet indice, l’un des outils qui permet(tait) justement d’évaluer l’impact des pesticides dans le cadre du plan Ecophyto, ne semble plus publié depuis 2018, refondu partiellement dans un indice plus général – l’IPTC – perdant ainsi en exhaustivité et en lisibilité. Cette mise à jour permet un nouveau bilan provoqué par la prise en compte de nouveaux pesticides, et de nouvelles valeurs seuils d’écotoxicité.
Pour réaliser ces calculs, nous avons analysé les données de :
– 161 pesticides
– sur 12 ans (2011-2021)
– sur 7100 stations de mesures
– soit au total plus de 3,8 millions d’analyses examinées
Les données des analyses des concentrations de pesticides dans les cours d’eau proviennent des bases de Naïade issues des services de l’Office Français de la Biodiversité. Elles sont couplées avec les valeurs seuils d’écotoxicité établies par l’Ineris – Institut national de l’environnement industriel et des risques et à défaut les valeurs d’Agritox disponible sur Data Gouv. Les pesticides choisis pour entrer dans le calcul de ce nouvel indice l’ont été par ordre décroissant de nombre de mesures et de niveau de toxicité.
La courbe ci-dessous montre que l’écotoxicité est conservée sur la décennie, d’un point de vue global. Mais derrière cette observation, se cachent des chassés-croisés écotoxique entre substances récemment interdites et substances nouvellement autorisées : c’est ce mécanisme qui semble maintenir le niveau d’écotoxicité dans les cours d’eau à un niveau globalement stable.
… Mais des phénomènes de remplacement à l’oeuvre entre les pesticides
Sur ces dix ans, on constate ainsi la forte diminution de l’écotoxicité aquatique issue de l’Isoproturon et de l’Aminotriazole, de respectivement 55 % et 22 %, notamment contrainte par l’interdiction des ces deux herbicides en 2016.
Dans le même temps, 3 autres herbicides – le Prosulfocarbe, le Thiafluamide (Flufénacet) et le Métolachlore – ont vu leur contribution à l’écotoxicité des eaux de surface s’envoler de respectivement 62 %, 52 % et 46 %. D’où ce jeu à somme nulle. L’Isoproturon est d’usage clairement similaire à ceux du Prosulfocarbe et du Thiafluamide, d’ailleurs chaudement recommandés comme alternatives l’interdiction du premier.
Si l’usage du Métolachlore vient à son tour d’être interdit, la diméthénamide-P et la pendiméthaline semble arriver à la rescousse, la contribution écotoxique de cette dernière étant déjà en augmentation de plus de 20 % de 2017 à 2021 !
Pour aller plus loin : services et autres ressources du domaine de l’eau
– Une plateforme pour prévoir le risque de pollution bactériologiques sur les sites de baignade
– Présence du métolachlore ESA dans les fleuves et rivières en 2020 et 2021
– Prix de l’eau et revenus : des facteurs influant significativement la demande en eau potable
– Changement climatique : la température grimpe aussi dans les cours d’eau : +0.65°C par décennie